Yves Philippe de Francqueville,
pirate des mots et philanalyste en herbe
crée la rencontre entre
une fille et sa mère
pour les nouveaux Contes de moelle :
pirate des mots et philanalyste en herbe
crée la rencontre entre
une fille et sa mère
pour les nouveaux Contes de moelle :
Rose s’aime !
Comme chaque matin, même lorsqu’elle est de garde à l’hôpital, Rose prend son temps pour se préparer.
Elle préfère se lever plus tôt, très tôt ; et ne pas se presser, ne pas devoir courir : Rose veut savourer ces instants d’intimité qui donnent sens à sa vie.
Après le rituel du petit déjeuner en compagnie du chat, alors que tout le reste de la maisonnée est encore endormi, c’est le long moment consacré à son image qui débute dans la salle de bains. Ces minutes qui s’écoulent devant le miroir afin d’être celle qu’elle aime : se désirer, se sentir, se savoir belle.
Se laver, s’habiller, se coiffer, se maquiller, se parfumer… dans le but d’être prête à affronter le monde du dehors.
Un ouvrage d’art au quotidien, pour son plus grand plaisir.
Tous les jours, chaque jour, madame s’affaire à ses petites et grandes affaires.
Aujourd’hui, en entrant dans la salle de bains, allumant la lampe du grand miroir, quelle est sa surprise en y voyant sa mère !
Oui, sa mère est là, qui la regarde. Elle prend toute la place dans la glace, copiant son reflet, mimant son visage avec une précision étonnante.
Rose est tout d’abord bien surprise de ne pas se voir, puis c’est petit à petit qu’elle reconnaît sa chère maman. Elle était décédée voici quelques sept années ; et de telles retrouvailles n’avaient jamais encore eu lieu… particulièrement devant son miroir.
Oh, ce n’était pas le reflet d’une Rose vieillie ou usée, voire déformée, fanée par les âges… non, ce matin, c’est certainement sa mère qui la regarde : c’est vraiment Angélique, à peine plus âgée que lors de son départ. Toujours séduisante, éternellement les traits fermes, le regard un peu sévère, l’œil pétillant malgré un léger voile de tristesse.
Et volubile.
Rose était restée en très bons termes avec elle ; cependant, sa mort avait laissé bien des questions sans réponses et des dialogues interrompus.
Les deux protagonistes semblent aussi surprises l’une que l’autre.
Interrogative, Angélique prend la parole :
— Bonjour ma fille, toujours aussi matinale ?
N’en as-tu pas assez de jouer les médecins modèles, d’être la plus belle pour aller au boulot ?
Oh, ne dis rien… en fait, je t’admire, je t’envie même. Régulièrement, j’aime venir te voir te préparer. Ce n’est pas que je m’ennuie depuis que je ne suis plus vraiment de ce monde, mais j’ai l’impression de ne pas avoir terminé quelque chose… et particulièrement avec toi. Alors, sans vouloir te déranger, je me dois de veiller à tes côtés en souhaitant trouver un jour une réponse, afin de partir en paix.
Normalement, je me fais plus discrète…
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce matin !
Tu ne devrais pas me voir, mais le jeu du miroir a dû créer la rencontre.
J’espère que tu n’es pas fâchée ?
Pour ma part, j’en suis ravie.
Rose éteint, puis rallume la lumière.
Sa mère est toujours présente dans le reflet du grand miroir.
— Maman !
C’est l’heure idéale pour me retrouver, alors que je me plais, comme de coutume, à réaliser cette alchimie qui me permettra d’oser le Monde avec le sourire !
Souvent je pense à toi, mais jamais, jamais, l’idée de te revoir ne m’était venue.
Oh ? Sauf hier en fait !
Oui, pendant la soirée, nous discutions entre amis et Iris m’a demandé d’où me venait cette passion pour ces grandes toilettes, ces coiffures fantasmagoriques — parfois extravagantes — qui me vont si joliment…
Et c’est bien de toi !
Je te dois tout.
— Ah, Rose, ma chère Rose !
Ces merveilleuses créations avec ta chevelure, si belle aujourd’hui !
En effet, nous avons construit cela dès ton plus jeune âge et tu as toujours été patiente et docile, sensible à cette nécessité de te créer une image que tu aimes dans la glace.
Je voulais que tu sois la plus belle pour aller à l’école, pour sortir dans la ville, rencontrer les amis ou la famille… et même lorsque nous restions à la maison…
— Maman, ma chère maman !
Toute petite, c’était ce temps précieux consacré à mon entretien et tu étais là, présente, pour m’encourager, me donner la force !
Que je sois toujours plus patiente et attentionnée, afin de m’apprendre à me préparer : aimer l’être que je suis, la femme que je suis devenue.
— Ma chérie, tu as été si courageuse, si audacieuse pour faire rayonner ta beauté !
Et tu continues chaque jour à oser braver le temps, le gagner sur ton sommeil, soucieuse d’être assurément prête et belle, au fil des âges.
Tu es formidable, je t’admire vraiment. Je t’aime.
Peut-être ne te l’ai-je pas assez dit ?
Peut-être n’ai-je pas su te témoigner ma considération ?
Reconnaître suffisamment ton courage, lors de toutes ces années passées ensemble ?
Et te voir aujourd’hui, te revoir vivre le même rituel ?
Que dois-je comprendre ou que n’ai-je pas compris ?
— Maman, maman, ne t’en fais pas.
Nous étions deux. Toutes les deux dans cette grande aventure et je t’en suis tellement reconnaissante !
Tu as bien été la mère et l’infirmière dont j’ai eu tant besoin toutes ces longues, longues années, où j’ai été si malade.
Aussi, grâce à toi, j’ai appris à m’aimer chaque jour, avec mes beaux cheveux ou couverte de chapeaux baroques, de perruques insolites… toujours vêtue des tenues les plus merveilleuses et du rire plein les yeux.
Merci maman.
Sache que tu as été à la hauteur.
Sois en paix : je suis heureuse.
Je m’aime.
Écrit à Montpellier, le 10 avril 2017
affiné le 3 janvier 2018.
Yves Philippe de Francqueville ©
yvesdefrancqueville@yahoo.fr
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Ce conte est issue des nouveaux Contes de moelle, par Yves Philippe de francqueville, philanalyste en herbe et pirate des mots… tous droits réservés ©.
Toute phrase sortie de son contexte pour un usage fallacieux sera considérée comme acte détestable de manipulation et sera rejetée par l'auteur qui accueille la légitimité de cet écrit uniquement reçu dans son intégralité.
Si le nom de l'auteur Yves Philippe de Francqueville apparaît souvent, c'est pour donner de l'aisance aux moteurs de recherche…
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville