Création artistique de Franck PASQUALINI pour le poème L'envol, extrait du recueil Solitude étrangère.
Saint-Aël présente :
La véritable histoire des trois petits cochons et du grand méchant loup, d'après des documents authentiques,
issue des nouveaux contes de moelle, par Yves Philippe de francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe…
Saint-Aël présente :
La véritable histoire des trois petits cochons et du grand méchant loup, d'après des documents authentiques,
issue des nouveaux contes de moelle, par Yves Philippe de francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe…
La véritable histoire des
trois petits cochons
et du
grand méchant loup
(d'après des documents authentiques)
racontée par Yves Philippe de Francqueville
Si vous ne l'avez pas encore lue,
et que vous souhaitez lire avant le conte,
la préface…
en un clic !
et que vous souhaitez lire avant le conte,
la préface…
en un clic !
Il était une fois, trois petits cochons prénommés Naf-Naf, Nouf-Nouf et Nif-Nif (le puiné).
Ils vivaient paisiblement avec leur mère, excellente professeure de musique — ancienne diva — qui se donnait plaisir à développer au grand jour les prédispositions créatrices de ses chers enfants.
Nif-Nif :
— Oups, chère maman, pourquoi donc devons-nous partir de la ferme ?
Mum Pig :
— Oh, mon bon Nif-Nif, il est grand temps de penser à vivre votre vie de petits cochons…
Vous avez le niveau musical : allez créer, jouer et enseigner de par le monde…
Développez vos dons, éveillez à votre tour des talents !
Quittez vite ce lieu…
Nouf-Nouf :
— Formidable, Mum, mais sommes-nous prêts ?
Naf-Naf :
— Oui, Mère, je m’inquiète comme Nouf-Nouf…
Le monde du dehors est plein de dangers !
Nif-Nif :
— Empli aussi de rencontres et de découvertes à savourer !
Nouf-Nouf :
— J’ai un peu peur, mais si Nif est partant pour l’aventure…
Naf-Naf :
— Moi j’ai très peur !
Nif-Nif :
— De quoi donc, Naf ?
Mum Pig :
— Ah, mes enfants, si je vous envoie hors de la ferme, c’est pour que vous puissiez avoir une chance dans votre vie de découvrir les plaisirs de la Terre !
Ici, aujourd’hui, demain ou dans quelques jours, le gentil fermier n’aura plus son regard bienveillant. Ses yeux brilleront d’un autre éclat : il viendra vous chercher comme ce fut le cas pour vos frères…
Des messieurs seront là.
Vous serez emmenés au loin — à la guerre, à ce qu’il paraît, servir la Patrie — pour disparaître à jamais !
Il y a des légendes qui racontent des choses horribles…
Une vraie boucherie !
Avec la mort qui rôde… la peur est ici… lorsque l’on entend arriver le grand camion.
Naf-Naf :
— Ce n’est pas possible, nous sommes si bien avec toi !
Nous sommes si jeunes… j’ai encore tant à apprendre.
Pourquoi serions-nous séparés ?
Nouf-Nouf :
— On nous aurait trompés sur le Paradis des cochons ?
Mum Pig :
— Ce qui se dit n’est pas des plus réjouissants !
Nif-Nif :
— Alors, il est temps de faire nos sacs…
Mum Pig :
— Oui, faites vite.
Le monde est à vous.
Chantez, dansez, apprenez, rayonnez… et vivez le bonheur d’être des petits cochons en liberté !
Soyez heureux…
Naf-Naf :
— Hors de la porcherie, point de salut m’a-t-on dit !
Nous sommes ici en sécurité.
Dehors il y a le loup !
Oui, mère… et si le loup vient nous attaquer ?
Nif-Nif :
— Je ne l’ai jamais vu…
Nouf-Nouf :
— C’n’est pas faux !
Mum Pig :
— Les enfants, il est temps ; je crois entendre le camion…
L’idée d’avoir peur du loup nous incite à ne pas quitter la ferme, mais les messieurs de la ville sont peut-être plus dangereux que lui !
Soyez subtils et volontaires ! Un peu d’audace, du courage… et le loup ne sera pas plus inquiétant que la pluie qui tombe.
Prenez surtout vos instruments de musique et sauvez-vous !
Nif-Nif :
— Merci chère maman, je te raconterai… je t’écrirai !
Je t’aime…
Nouf-Nouf :
— Bon, c’est d’accord, je te suis Nif…
J’y vais !
Bises Mum… tu me manques déjà !
Naf-Naf :
— Ah, si vraiment tu insistes, mère, c’est que la raison doit l’emporter sur le cœur !
Mon piano est trop lourd…
Tu me le feras livrer lorsque je serai bien installé !
C’est peut-être un adieu !
Mum Pig :
— Je vous aime les enfants !
Prenez bien soin de vous et soyez solidaires !
Et voici donc, sac à dos, nos trois petits cochons disposés à partir à la rencontre de leur vie.
Nif-Nif emporte aussi sa flûte traversière.
Nouf-Nouf prend bien entendu son violon.
Et Naf-Naf se charge lourdement d’une valise de billets et de sa caisse à outils.
Après des larmes versées, quelques pas ensemble, chacun prend sa route, en s’assurant de ne pas oublier ses frères !
Nif-Nif aime la vie plus que tout.
Chemin faisant, il croise un paysan apportant de la paille à la ville.
L’idée d’un abri pour la pluie lui fait désirer quelques bottes.
En échange de cours de flûte pour ses enfants, le marché est conclu avec le bonhomme !
D’une manière habile, et en quelques heures, se dresse une jolie hutte…
Et hop, à lui danse et musique avec les oiseaux !
Nouf-Nouf prend aussi le parti de savourer l’instant présent.
Il veille cependant à ne pas s’installer trop loin de Nif-Nif ; et fait en sorte de savoir où sera Naf-Naf…
C’est entre deux concerts de violon — au soleil — qu’il croise un marchand avec sa remorque, portant quelques belles pièces de bois pour les vendre au plus offrant !
La négociation est rapide : le talent de Nouf-Nouf éblouit le brave homme, qui se laisse séduire par quelques spectacles à venir !
Aidé de son nouvel ami, il parvient à dresser en quelques jours une belle cabane…
Et que la musique continue !
Naf-Naf n’est vraiment pas rassuré.
Il tente discrètement un retour vers la ferme, pour retrouver sa mère. Il comprend alors que le risque était bien réel : un grand camion est garé devant la porcherie.
Il voit ses cousins embarquer… ils seront envoyés certainement à la guerre…
Pas d’autres possibilités alors que d’oser l’aventure ou se sacrifier pour la Patrie !
Ce n’est pas qu’il ait une aversion pour certains idéaux, mais mourir si jeune, pour quelques raisons d’État, ne le tente guère…
Il lui faut un plan sécuritaire avant tout.
Chemin faisant, sur le bord de la route, un entrepreneur est là, son camion semblant en panne… ne sachant pas trop y faire.
Très habilement, Naf-Naf aide le monsieur. C’est avec un intérêt non dissimulé qu’il se fait livrer en suite, pour un très bon prix, quelques stères de briques cuites !
La tâche n’est pas simple… mais il y croit à sa solide maison.
Les mois passent…
Nif-Nif et Nouf-Nouf se retrouvent régulièrement pour composer ensemble. Il n’ont pas souvent de nouvelles musicales de Naf-Naf, mais ils ne l’oublient pas. Pour eux, l’aventure est passionnante : des rencontres, des découvertes, des trouvailles… de l’amour, et beaucoup de plaisir.
Tout est pour la musique — certainement — dans le meilleur des mondes possibles !
Et alors…
Et alors ?
Il arriva celui qui aurait pu ne jamais arriver :
le loup !
Nif-Nif :
— Tiens donc, je l’avais oublié celui-là !
Nouf-Nouf :
— Oups…
Pourquoi n’est-il pas comme de coutume à la chasse aux moutons ?
Sauvons-nous, mon frère…
Nif-Nif :
— Vite, viens dans ma hutte pour souffler.
Nouf-Nouf :
— Tu parles, c’est le loup qui va souffler…
En effet, le loup arrive bien vite auprès de la jolie demeure de Nif-Nif… et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il fait fi de ces fétus de paille qu’il dégage sans peine pour se précipiter sur… personne !
Nif-Nif :
— Ah…
Rester enfermés… c’est alors qu’il y a danger !
Heureusement que nous avons gardé la forme !
Nouf-Nouf :
— Courons jusqu’à ma cabane…
Nif-Nif :
— Go on !
Et prems…
Toutefois ne pense pas que cela va suffire pour nous en débarrasser…
Nouf-Nouf :
— C’est sûr, mais le temps qu’il nous trouve, je peux préparer mon plan et me reposer.
Nif-Nif :
— Tant qu’il a faim, le loup ne lâchera pas !
Ahr…
Je le vois arriver…
Posons des leurres et séparons-nous, afin de brouiller les pistes !
Bonne chance à toi, frérot…
Nouf-Nouf :
— Rendez-vous chez Mum ?
Nif-Nif :
— Surtout pas…
Servir de chair à canon et finir en chair à pâté ? Trop peu pour moi !
Ce serait bien de prévenir notre vieux frangin… il a peur de tout !
Allons lui annoncer la nouvelle et l’inviter à fuir…
Allez… on se retrouve chez Naf, il a peut-être dû prévoir que le loup viendrait…
Et c’est bien le cas…
Nouf-Nouf :
— Trop fort !
Le loup en effet pointait déjà son museau tout en haut de la colline.
La cabane en bois s’offre à son regard agrémenté du parfum sympathique de deux petits cochons ; tout cela ne lui laisse aucun doute sur le succès de son attaque !
Après des propos fort civils pour que la porte lui soit ouverte, il profère des menaces, mises aussitôt à exécution !
En quelques souffles puissants et trois-quatre coups de hache, la jolie cabane de Nouf-Nouf vole en éclat !
Le féroce animal se précipite… et ne trouve rien d’autre dans les décombres, que deux épouvantails !
De rage et de désespoir… le ventre creux, notre compère comprend qu’il a été berné par ces dodus projets culinaires.
Deux traces… deux effluves gourmandes… il faut reprendre la route !
Et pendant ce temps-là… au même instant, Nif-Nif et Nouf-Nouf se retrouvent devant un superbe mazet flambant neuf !
Naf-Naf s’affaire à la peinture des volets…
Nif-Nif :
— Salut Naf, pas encore terminée ta bicoque ?
Nouf-Nouf :
— C’est bien joli !
Naf-Naf :
— Ah, les petits, j’y suis presque.
Mais que se passe-t-il ?
Pourquoi êtes-vous dans la course ?
Il y a du danger ?
Nouf-Nouf :
— Le loup est de passage…
Nif-Nif :
— Pour sûr !
Naf-Naf :
— Quelle horreur !
Vite, vite… entrez-donc…
Fermons tout : vous êtes sauvés !
Nif-Nif :
— Ah oui ?
C’est un merveilleux instant de paix.
Les trois frères sont réunis dans la grande pièce joliment agencée.
Nouf-Nouf :
— Oh, si tu te mettais au piano, grand frère ?
Nif-Nif :
— Géniale idée… faut l’ouvrir !
Je pense que tu n’as pas dû en jouer depuis notre départ de chez maman !
Naf-Naf :
— Eh bien… je devais construire ma maison, et le transporteur ne l’a livré que la semaine dernière !
Nouf-Nouf :
— Nous avons toujours nos instruments avec nous, Nif et moi… Nous avons beaucoup composé ces derniers temps !
Naf-Naf :
— Sans penser au danger !
Votre inconscience aurait pu vous perdre.
Maintenant que vous êtes en sécurité, réfléchissez aux conséquences dramatiques de votre légèreté face à l’ennemi.
Que cela vous serve de leçon !
Nif-Nif :
— Ah… C’est qu’il nous a fait monter l’adrénaline, ce gros méchant loup !
Nouf-Nouf :
— Nous devrions donc rester ici pour ne plus avoir peur de lui ?
Naf-Naf :
— Eh oui !
Maintenant que ma belle maison de briques est achevée, je suis disposé à vous accueillir — pour un modeste loyer — avec quelques tâches à accomplir aussi… par-ci, par-là…
Nif-Nif :
— Merci de ton offre grand frère…
Pour moi, ce sera non…
Te servir pour assurer ma sécurité ?
Ce n’est pas dans mes gènes de petit cochon, même avec le loup qui rôde !
Ah, cher Naf, ma raison d’être est peut-être de jouer, de chanter jour après jour… et demain sera ou ne sera pas ?
Nouf-Nouf :
— Mais il y a le loup…
Naf-Naf :
— Il y a le loup !
Ma maison de briques est l’assurance de votre survie…
Nif-Nif :
— Oh oui, mais non…
Tu as presque raison…
C’est l’assurance de ta survie… ou plutôt de ta sousvie !
Je préfère vivre dans le monde, sans être cependant du monde… en mesurant au mieux les risques encourus par la confrontation avec des méchants du monde.
Pour une rencontre, un sourire, une mélodie, une nuit d’amour… j’accueille même le fait de mourir prématurément !
Au moins j’aurai vécu !
Nouf-Nouf :
— Je vois le loup qui arrive…
Naf-Naf :
— Je l’avais bien dit !
Ah, le voici plutôt fatigué ce bel animal aux dents longues… la course est cependant fructueuse : trois petits cochons au rendez-vous, pour lui qui a grand faim !
La dernière épreuve mérite une récompense : un repas royal servi sur un plateau…
Hélas, le mazet est de belle facture, avec ses volets clos… Les tentatives sont infructueuses, malgré le souffle redoutable, qui est propre à cette bête plutôt opiniâtre !
La hache n’y fait rien non plus, face à la porte blindée…
Reste la cheminée… mais à part le père Noël, qui oserait s’aventurer ainsi dans une maison ?
Et déjà un fumet s’échappe… des légumes l’attendent probablement dans un chaudron brûlant !
Les petits cochons sont comme lui, omnivores…
Un bon civet de loup serait certainement bienvenu pour trois petits cochons affamés !
C’est la queue basse, que notre guerrier s’éloigne, non sans maugréer de vaines menaces pour ces trois petits cochons très fiers d’avoir mis le loup en échec…
Et à bien des lieues à la ronde, l’on entend encore l’écho de la comptine qui prend alors toutes ses lettres de noblesse :
— Tiens donc, je l’avais oublié celui-là !
Nouf-Nouf :
— Oups…
Pourquoi n’est-il pas comme de coutume à la chasse aux moutons ?
Sauvons-nous, mon frère…
Nif-Nif :
— Vite, viens dans ma hutte pour souffler.
Nouf-Nouf :
— Tu parles, c’est le loup qui va souffler…
En effet, le loup arrive bien vite auprès de la jolie demeure de Nif-Nif… et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il fait fi de ces fétus de paille qu’il dégage sans peine pour se précipiter sur… personne !
Nif-Nif :
— Ah…
Rester enfermés… c’est alors qu’il y a danger !
Heureusement que nous avons gardé la forme !
Nouf-Nouf :
— Courons jusqu’à ma cabane…
Nif-Nif :
— Go on !
Et prems…
Toutefois ne pense pas que cela va suffire pour nous en débarrasser…
Nouf-Nouf :
— C’est sûr, mais le temps qu’il nous trouve, je peux préparer mon plan et me reposer.
Nif-Nif :
— Tant qu’il a faim, le loup ne lâchera pas !
Ahr…
Je le vois arriver…
Posons des leurres et séparons-nous, afin de brouiller les pistes !
Bonne chance à toi, frérot…
Nouf-Nouf :
— Rendez-vous chez Mum ?
Nif-Nif :
— Surtout pas…
Servir de chair à canon et finir en chair à pâté ? Trop peu pour moi !
Ce serait bien de prévenir notre vieux frangin… il a peur de tout !
Allons lui annoncer la nouvelle et l’inviter à fuir…
Allez… on se retrouve chez Naf, il a peut-être dû prévoir que le loup viendrait…
Et c’est bien le cas…
Nouf-Nouf :
— Trop fort !
Le loup en effet pointait déjà son museau tout en haut de la colline.
La cabane en bois s’offre à son regard agrémenté du parfum sympathique de deux petits cochons ; tout cela ne lui laisse aucun doute sur le succès de son attaque !
Après des propos fort civils pour que la porte lui soit ouverte, il profère des menaces, mises aussitôt à exécution !
En quelques souffles puissants et trois-quatre coups de hache, la jolie cabane de Nouf-Nouf vole en éclat !
Le féroce animal se précipite… et ne trouve rien d’autre dans les décombres, que deux épouvantails !
De rage et de désespoir… le ventre creux, notre compère comprend qu’il a été berné par ces dodus projets culinaires.
Deux traces… deux effluves gourmandes… il faut reprendre la route !
Et pendant ce temps-là… au même instant, Nif-Nif et Nouf-Nouf se retrouvent devant un superbe mazet flambant neuf !
Naf-Naf s’affaire à la peinture des volets…
Nif-Nif :
— Salut Naf, pas encore terminée ta bicoque ?
Nouf-Nouf :
— C’est bien joli !
Naf-Naf :
— Ah, les petits, j’y suis presque.
Mais que se passe-t-il ?
Pourquoi êtes-vous dans la course ?
Il y a du danger ?
Nouf-Nouf :
— Le loup est de passage…
Nif-Nif :
— Pour sûr !
Naf-Naf :
— Quelle horreur !
Vite, vite… entrez-donc…
Fermons tout : vous êtes sauvés !
Nif-Nif :
— Ah oui ?
C’est un merveilleux instant de paix.
Les trois frères sont réunis dans la grande pièce joliment agencée.
Nouf-Nouf :
— Oh, si tu te mettais au piano, grand frère ?
Nif-Nif :
— Géniale idée… faut l’ouvrir !
Je pense que tu n’as pas dû en jouer depuis notre départ de chez maman !
Naf-Naf :
— Eh bien… je devais construire ma maison, et le transporteur ne l’a livré que la semaine dernière !
Nouf-Nouf :
— Nous avons toujours nos instruments avec nous, Nif et moi… Nous avons beaucoup composé ces derniers temps !
Naf-Naf :
— Sans penser au danger !
Votre inconscience aurait pu vous perdre.
Maintenant que vous êtes en sécurité, réfléchissez aux conséquences dramatiques de votre légèreté face à l’ennemi.
Que cela vous serve de leçon !
Nif-Nif :
— Ah… C’est qu’il nous a fait monter l’adrénaline, ce gros méchant loup !
Nouf-Nouf :
— Nous devrions donc rester ici pour ne plus avoir peur de lui ?
Naf-Naf :
— Eh oui !
Maintenant que ma belle maison de briques est achevée, je suis disposé à vous accueillir — pour un modeste loyer — avec quelques tâches à accomplir aussi… par-ci, par-là…
Nif-Nif :
— Merci de ton offre grand frère…
Pour moi, ce sera non…
Te servir pour assurer ma sécurité ?
Ce n’est pas dans mes gènes de petit cochon, même avec le loup qui rôde !
Ah, cher Naf, ma raison d’être est peut-être de jouer, de chanter jour après jour… et demain sera ou ne sera pas ?
Nouf-Nouf :
— Mais il y a le loup…
Naf-Naf :
— Il y a le loup !
Ma maison de briques est l’assurance de votre survie…
Nif-Nif :
— Oh oui, mais non…
Tu as presque raison…
C’est l’assurance de ta survie… ou plutôt de ta sousvie !
Je préfère vivre dans le monde, sans être cependant du monde… en mesurant au mieux les risques encourus par la confrontation avec des méchants du monde.
Pour une rencontre, un sourire, une mélodie, une nuit d’amour… j’accueille même le fait de mourir prématurément !
Au moins j’aurai vécu !
Nouf-Nouf :
— Je vois le loup qui arrive…
Naf-Naf :
— Je l’avais bien dit !
Ah, le voici plutôt fatigué ce bel animal aux dents longues… la course est cependant fructueuse : trois petits cochons au rendez-vous, pour lui qui a grand faim !
La dernière épreuve mérite une récompense : un repas royal servi sur un plateau…
Hélas, le mazet est de belle facture, avec ses volets clos… Les tentatives sont infructueuses, malgré le souffle redoutable, qui est propre à cette bête plutôt opiniâtre !
La hache n’y fait rien non plus, face à la porte blindée…
Reste la cheminée… mais à part le père Noël, qui oserait s’aventurer ainsi dans une maison ?
Et déjà un fumet s’échappe… des légumes l’attendent probablement dans un chaudron brûlant !
Les petits cochons sont comme lui, omnivores…
Un bon civet de loup serait certainement bienvenu pour trois petits cochons affamés !
C’est la queue basse, que notre guerrier s’éloigne, non sans maugréer de vaines menaces pour ces trois petits cochons très fiers d’avoir mis le loup en échec…
Et à bien des lieues à la ronde, l’on entend encore l’écho de la comptine qui prend alors toutes ses lettres de noblesse :
« Qui a peur du grand méchant loup ?
C’est p't-être vous ?
C’n’est pas nous !
Qui a peur du grand méchant loup ?
C’n’est pas nous, c’n’est pas nous » !
C’est p't-être vous ?
C’n’est pas nous !
Qui a peur du grand méchant loup ?
C’n’est pas nous, c’n’est pas nous » !
Deux jours s'écoulent…
La musique est moins présente, une fois l’euphorie passée.
Naf-Naf, comme à son habitude, demande à ses jeunes frères davantage qu’une aide légitime, en contrepartie du gîte et parfois du couvert…
L’entretien du mazet et l’obligation des tours de garde ne plaisent guère aux plus jeunes.
Nif-Nif :
— Il est temps pour moi, cher Naf, de repartir à l’aventure !
Merci, grand merci pour ton hospitalité…
Naf-Naf :
— Oh non, ne t’en vas pas !
Le monde du dehors est semé d’embûches pour les poètes !
C’est beaucoup trop périlleux pour toi, Nif-Nif ; tu risques en plus d’entraîner ton frère dans des folies…
C’est de ma responsabilité que de vous garder ici.
Notre mère mourrait d’inquiétude à vous savoir en danger sur les routes !
Nouf-Nouf :
— Oh ?
Des nouvelles de Mum ?
Nif-Nif :
— Ah, grand frère… ici c’est super…
Ton piano est bien accordé, mais le temps consacré à la musique est très limité…
Je suis majeur et vacciné du loup…
Je le connais mieux maintenant.
Ma vie de cochon n’est pas celle que tu me proposes : une prison dorée reste une prison.
Maman nous a invités à la liberté…
Je ne déserte pas, je prends mon envol !
Ne me force pas, ne nous fâchons pas…
Naf-Naf :
— Mais le loup va revenir…
Nif-Nif :
— C’est peut-être aussi pour cela que je quitte ce lieu…
Et tu devrais partir de même : il sait où tu gîtes…
Naf-Naf :
— Abandonner mon domaine ?
Laisser ma maison, qui m'a demandé tant de travail ?
Je ne te comprends pas, Nif-Nif…
Nif-Nif :
— L’immobilisme n’est pas sécurisant…
La toile d’une tente est plus fiable qu’une forte bâtisse de pierres !
Nouf-Nouf :
— Pour moi, c’est très clair !
Ta joie et ta force vive, cher Nif, m’ont donné soif !
Enfin une île et repartir…
Allez, c’est le jour, c’est l’heure, le désir de liberté m’appelle…
C’est donc contagieux !
Naf-Naf :
— Ah, ce n’est pas juste…
Vous allez le regretter tôt ou tard…
Chantez, dansez donc tout l’été…
Vous êtes fous !
Qu’arrivera-t-il quand la bise sera là ?
Quand le loup aura faim ?
Ne croyez pas que je serai toujours disposé à vous ouvrir la porte…
Nouf-Nouf :
— Oh, que si mon cher grand Naf… Tu aimes tant te sentir utile…
Oui… tu trouves toujours un intérêt dans tes actes, même si ton cœur et ta générosité ne sont pas nécessairement au centre de tes préoccupations…
Merci pour tout…
Merci encore pour ton attention fraternelle !
Nif-Nif :
— Merci sincère…
Et peut-être à tantôt…
Si cela te chante !
Et n’oublie pas qu’il y a dans le monde, d’autres îles que ton beau mazet pour se poser : si tu te fermes sur toi-même, d’autres sauront sans toi ouvrir des portes à la musique, au plaisir de la vie !
Nouf-Nouf :
— Ah oui, la vie n’aurait pas de sens s’il manquait la musique…
Naf-Naf :
— Tant pis pour vous !
Vous êtes prévenus…
Malgré les menaces réitérées du grand frère, c’est de bonne humeur que nos deux petits cochons choisissent l’aventure !
Dans le désir de la rencontre musicale — de visages en paysages — Ils osent parcourir les routes de la vie, à « senser » leur existence…
Nif-Nif et Nouf-Nouf se remémorent les sages conseils de Mum Pig : savoir être attentifs aux dangers, courageux sans être téméraires, volontaires et audacieux, forts de gérer au mieux, en douceur et sans effort, leurs peurs… sans être prisonniers de la peur de leurs peurs.
Solitaires mais solidaires, ils sont heureux d’être souvent ensemble afin de s’enrichir des trésors rapportés de leur quête musicale.
Et pendant ce temps-là, Naf-Naf continue à sécuriser sa petite maison, en oubliant presque son piano.
Et le loup, oui, le loup… que devient-il dans cette histoire ?
Eh bien, notre animal plutôt têtu — n’ayant de cesse d’inventer des recettes les plus fameuses lui assurant d’apprêter des petits cochons avec art — n’a pas oublié l’affront dont les trois frères l'ont affligé.
Quelques mois passent…
Et un beau matin, là-haut sur la colline, par là où il s’était déjà annoncé… Naf-Naf, en alerte sur sa tour de guet, le vit revenir…
Le grand méchant loup arrive en effet — casque lourd sur la tête, jumelles autour du cou — plutôt bien installé dans la tourelle de son énorme Panzer…
Il avait investi dans un char d’assaut !
- Fin -
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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