®© Du silence au mensonge,
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Du silence au mensonge
Chapitre VI
J’attends ce camp avec impatience. Il est prévu pour les derniers jours des vacances. Il me faut patienter.
Mes notes sont assez bonnes dans l’ensemble, et les appréciations suivent. Les parents sont satisfaits de mon caractère.
La guilde a pris des allures de croisière : tous nos vendredis soir de dix-sept heures à minuit, voire plus tard et même les samedis, sont consacrés à nos jeux de rôle ou à nos wargames. Parfois aussi pour discuter et passer des soirées sympas et même chaleureuses.
Tout va assez bien. Je serais même presque heureux de mon sort, s'il n'y avait pas les réunions nocturnes — deux fois par semaine — avec Doudou. Cela devient lassant et m'inquiète un peu ; on joue vraiment au psychanalyste et à son patient ! Le plus compliqué, c’est lorsqu’il inverse les rôles…
Oui, je suis assez mal à l’aise, lorsqu’il me parle sans complexe de ses problèmes de ménage : sa femme le rend malheureux. Pas de liberté conjugale. Son argent disparaît dans des dépenses futiles… Il a du mal même à s’acheter des cigarettes ou à entretenir sa voiture. Il est vrai qu’il la bichonne avec amour et qu’elle paraît éternellement neuve sa petite 305.
Lorsqu’il me parle de ses malheurs, j’ai quelques difficultés à le sentir sincère. En effet, comment cet homme semblant si acteur dans la société, peut avoir autant de faiblesses ? Lui, ce serait en famille qu’il échoue, alors qu’il se veut être éducateur de qualité pour les plus pauvres.
Il doit trop s’occuper des autres et oublie de penser à progresser selon mes idées. Il devrait commencer par faire un régime, et arrêter de fumer.
Lorsque je rentre à la maison, après deux heures dans sa voiture, malgré les fenêtres ouvertes, j'ai les habits et les cheveux qui empestent le tabac.
Oui, entre ses étalages de soucis du quotidien où je n'ai guère de réponses à proposer, je dois passer régulièrement comme dans un confessionnal : c’est à moi de tout raconter.
J’ai l'impression d’être sondé, ce qui est assez troublant, voire désagréable. Doudou veut tout savoir sur moi… tout, avant de m’envoyer au camp à B**.
Tout sur mon passé et mon présent : ce qu’il y a de plus caché en moi-même. Mes problèmes, mes angoisses d’adolescent, mes bêtises, mes succès… mes désirs comme mes rêves…
Je dois me confesser, lui raconter tout : mes amis, mes amours… mes occupations et mes préoccupations.
J'ai une tactique infaillible encore à ce jour : faire saturer le système par une suite d’informations banales afin de garder pour soi son jardin secret !
Je savais qu'il lui fallait un bon os à ronger : j’ai opté pour mes soirées avec des filles…
En effet, il mord aussitôt à l'hameçon : il accepte alors très mal le fait que je sois inscrit dans un rallye :
Chez nous, le rallye, c'est un cercle aristocratique où nous nous rencontrons entre jeunes gens de bonne famille : de même culture… de même éducation…
Je m’y suis trouvé déjà quelques amis potentiels.
À ses yeux :
Mes notes sont assez bonnes dans l’ensemble, et les appréciations suivent. Les parents sont satisfaits de mon caractère.
La guilde a pris des allures de croisière : tous nos vendredis soir de dix-sept heures à minuit, voire plus tard et même les samedis, sont consacrés à nos jeux de rôle ou à nos wargames. Parfois aussi pour discuter et passer des soirées sympas et même chaleureuses.
Tout va assez bien. Je serais même presque heureux de mon sort, s'il n'y avait pas les réunions nocturnes — deux fois par semaine — avec Doudou. Cela devient lassant et m'inquiète un peu ; on joue vraiment au psychanalyste et à son patient ! Le plus compliqué, c’est lorsqu’il inverse les rôles…
Oui, je suis assez mal à l’aise, lorsqu’il me parle sans complexe de ses problèmes de ménage : sa femme le rend malheureux. Pas de liberté conjugale. Son argent disparaît dans des dépenses futiles… Il a du mal même à s’acheter des cigarettes ou à entretenir sa voiture. Il est vrai qu’il la bichonne avec amour et qu’elle paraît éternellement neuve sa petite 305.
- — Ah, les femmes, pour tout ce que j’ai déjà vécue, c’est la poisse !
Lorsqu’il me parle de ses malheurs, j’ai quelques difficultés à le sentir sincère. En effet, comment cet homme semblant si acteur dans la société, peut avoir autant de faiblesses ? Lui, ce serait en famille qu’il échoue, alors qu’il se veut être éducateur de qualité pour les plus pauvres.
Il doit trop s’occuper des autres et oublie de penser à progresser selon mes idées. Il devrait commencer par faire un régime, et arrêter de fumer.
Lorsque je rentre à la maison, après deux heures dans sa voiture, malgré les fenêtres ouvertes, j'ai les habits et les cheveux qui empestent le tabac.
Oui, entre ses étalages de soucis du quotidien où je n'ai guère de réponses à proposer, je dois passer régulièrement comme dans un confessionnal : c’est à moi de tout raconter.
J’ai l'impression d’être sondé, ce qui est assez troublant, voire désagréable. Doudou veut tout savoir sur moi… tout, avant de m’envoyer au camp à B**.
Tout sur mon passé et mon présent : ce qu’il y a de plus caché en moi-même. Mes problèmes, mes angoisses d’adolescent, mes bêtises, mes succès… mes désirs comme mes rêves…
Je dois me confesser, lui raconter tout : mes amis, mes amours… mes occupations et mes préoccupations.
J'ai une tactique infaillible encore à ce jour : faire saturer le système par une suite d’informations banales afin de garder pour soi son jardin secret !
Je savais qu'il lui fallait un bon os à ronger : j’ai opté pour mes soirées avec des filles…
En effet, il mord aussitôt à l'hameçon : il accepte alors très mal le fait que je sois inscrit dans un rallye :
- — C’est un club de danse pour petits bourgeois.
Chez nous, le rallye, c'est un cercle aristocratique où nous nous rencontrons entre jeunes gens de bonne famille : de même culture… de même éducation…
Je m’y suis trouvé déjà quelques amis potentiels.
À ses yeux :
- — C’est la meilleure manière pour se faire accrocher par quelques “salopes” qui t’empêcheront de vivre ta vie. Ces soirées, évite-les comme la peste. Sois libre de choisir une autre vie, et tu seras heureux. Ne fais pas la même erreur que moi.
J’ai dix-huit ans,
le désir de faire la fête,
de mener une vie
d’aventures…
J'essaye de rester
libre, bien sûr !
Mais aller jusqu’à renoncer
à mes soirées,
aux joies de voir
quelques charmantes amies…
dur dur !
Je dois lui montrer que cela
me chagrine sincèrement.
Je pense que Doudou
a quelques idées
« toutes faites »
sur ma nature affective
et voudrait m'aider à la vivre
« à sa manière »…
Il n'est pas totalement
sûr de lui, heureusement…
Cependant ses questions
sont plutôt orientées
sans jamais réussir
à aborder le sujet
de la sexualité.
Qui je suis ?
Il ne saura rien.
Mes amis, mes amours ?
Rien ne doit transparaître.
C'est mon monde,
mon univers à moi !
Je n'aime pas cet homme.
Il est répugnant.
Il est sur ma route,
— je dois l’accepter --
pour me permettre
de rencontrer
des espaces formidables…
J'en suis certain.
Je suis sûr aussi que
cela se fera bientôt sans lui.
Doudou doit être
un outil dans ma quête…
pas davantage.
Il ne saura rien de moi-même,
au plus profond de mon cœur.
Je ne veux pas qu’il ait
la moindre ascendance sur moi.
Les Rallyes sont pour moi
une bonne ouverture sur le monde
et me permettent
d'avoir un retour positif
des amis et de la famille
sur ma manière d'être.
Eh bien…
s’il faut y renoncer,
s’il faut obéir…
il n’y a pas de petits sacrifices.
Je saurai agir autrement,
pour paraître.
.
le désir de faire la fête,
de mener une vie
d’aventures…
J'essaye de rester
libre, bien sûr !
Mais aller jusqu’à renoncer
à mes soirées,
aux joies de voir
quelques charmantes amies…
dur dur !
Je dois lui montrer que cela
me chagrine sincèrement.
Je pense que Doudou
a quelques idées
« toutes faites »
sur ma nature affective
et voudrait m'aider à la vivre
« à sa manière »…
Il n'est pas totalement
sûr de lui, heureusement…
Cependant ses questions
sont plutôt orientées
sans jamais réussir
à aborder le sujet
de la sexualité.
Qui je suis ?
Il ne saura rien.
Mes amis, mes amours ?
Rien ne doit transparaître.
C'est mon monde,
mon univers à moi !
Je n'aime pas cet homme.
Il est répugnant.
Il est sur ma route,
— je dois l’accepter --
pour me permettre
de rencontrer
des espaces formidables…
J'en suis certain.
Je suis sûr aussi que
cela se fera bientôt sans lui.
Doudou doit être
un outil dans ma quête…
pas davantage.
Il ne saura rien de moi-même,
au plus profond de mon cœur.
Je ne veux pas qu’il ait
la moindre ascendance sur moi.
Les Rallyes sont pour moi
une bonne ouverture sur le monde
et me permettent
d'avoir un retour positif
des amis et de la famille
sur ma manière d'être.
Eh bien…
s’il faut y renoncer,
s’il faut obéir…
il n’y a pas de petits sacrifices.
Je saurai agir autrement,
pour paraître.
.
La date du petit camp approche. Les parents ont payé sans trop rien dire. Lemire a proposé de m’emmener dans sa voiture avec les autres jeunes. Passer six ou sept heures de route avec eux ?
Surtout pas…
Je préfère trop ma liberté.
Aussi je refuse gentiment l’offre, expliquant préférer partir en stop et en train, afin d’être plus libre pour réfléchir, et prier… ce qui l’oblige à respecter mon choix.
C’est surtout pour être tranquille !
Les vacances scolaires : nous y sommes enfin !
Le rendez-vous à B**-les-Templiers est prévu pour le mardi soir. J’ai quelques jours devant moi. Aussi, j’en profite pour retrouver mes amis de la guilde. Nous voici partis pour des aventures endiablées.
C’est le moins que l’on puisse dire : nous découvrons dans sa totalité l’univers des jeux de rôle. Une ambiance tout à fait différente des wargames ou des jeux de stratégie. Ici c’est un autre monde, d’autres dimensions.
Nous jouons à “L’Appel de Cthulhu”, jeu qui nous plonge au cœur des années 1920, dans l’univers fantastique de H. P. Lovecraft.
C’est moi le meneur de jeu, le gardien des Arcanes. Je suis stupéfait de voir à quel point il m’est facile de faire vivre des aventures aussi terrifiantes au cœur de la mort et de la folie. Les amis sont avalés par le jeu et rentrent dans leurs personnages au point de s’oublier.
Nous passons des heures et des heures à vivre ces aventures policières et culturelles au meilleur des années 1920, dans l’horreur des monstres révélés par Lovecraft, hors de toute réalité, oubliant parfois même les repas… oubliant la fatigue.
Je dépasse le stade du simple jeu de rôle en évinçant petit à petit ce qui nous rattache au réel : plus de dé, les figurines disparaissent ainsi que les feuilles de personnage.
J’ai enfin devant moi des êtres dédoublés, vivant une réelle aventure, dans une autre dimension.
Surtout pas…
Je préfère trop ma liberté.
Aussi je refuse gentiment l’offre, expliquant préférer partir en stop et en train, afin d’être plus libre pour réfléchir, et prier… ce qui l’oblige à respecter mon choix.
C’est surtout pour être tranquille !
Les vacances scolaires : nous y sommes enfin !
Le rendez-vous à B**-les-Templiers est prévu pour le mardi soir. J’ai quelques jours devant moi. Aussi, j’en profite pour retrouver mes amis de la guilde. Nous voici partis pour des aventures endiablées.
C’est le moins que l’on puisse dire : nous découvrons dans sa totalité l’univers des jeux de rôle. Une ambiance tout à fait différente des wargames ou des jeux de stratégie. Ici c’est un autre monde, d’autres dimensions.
Nous jouons à “L’Appel de Cthulhu”, jeu qui nous plonge au cœur des années 1920, dans l’univers fantastique de H. P. Lovecraft.
C’est moi le meneur de jeu, le gardien des Arcanes. Je suis stupéfait de voir à quel point il m’est facile de faire vivre des aventures aussi terrifiantes au cœur de la mort et de la folie. Les amis sont avalés par le jeu et rentrent dans leurs personnages au point de s’oublier.
Nous passons des heures et des heures à vivre ces aventures policières et culturelles au meilleur des années 1920, dans l’horreur des monstres révélés par Lovecraft, hors de toute réalité, oubliant parfois même les repas… oubliant la fatigue.
Je dépasse le stade du simple jeu de rôle en évinçant petit à petit ce qui nous rattache au réel : plus de dé, les figurines disparaissent ainsi que les feuilles de personnage.
J’ai enfin devant moi des êtres dédoublés, vivant une réelle aventure, dans une autre dimension.
* * *
J’abandonne Julien et les autres pour me préparer.
Le grand jour approche ; je dois revenir sur Terre.
Il faut préparer le sac à dos. Je ne sais que prendre : après avoir sorti mon duvet, bas de pyjama, affaires de toilette… j’ajoute le linge de corps et quelques vieux habits, ainsi que ma tenue de sport… je ne pars que quatre jours, ce sera bien suffisant !
Mais je n’ai pas encore l’uniforme des Pages et Écuyers. Pas de consigne particulière.
Devant toutes ces questions sans réponses, je décide d’opter pour ma tenue des scouts de D**. C’est à mes yeux le meilleur moyen d’être pris en stop : l’uniforme donne toujours beaucoup d’effet… et puis j’aime ça.
Pantalon de velours, mon vieux ceinturon en cuir, la chemise bien repassée au dessus d’un gros pull, manches relevées, le foulard avec la bague et mon dizainier. Je récupère le beau blouson en cachemire beige que nous utilisons pour nos promenades à cheval… et me voilà prêt à partir en “boy scout” innocent, vers la merveilleuse Commanderie de B**-les-Templiers.
Je me lève assez tôt afin de partir avant huit heures. Il fait presque jour et je compte marcher quelque peu. Je ne regrette surtout pas le gros blouson car il a gelé blanc ce matin.
J’ai beaucoup de chance — j’ai toujours de la chance lorsque je fais du stop — et mon voyage se passe sans problème.
C’est même exceptionnel cette fois-ci : à T**, je suis pris par une Porsche 944. Un gars de trente-trente-cinq ans, ancien scout. C’est génial. Il me dépose malheureusement très vite, à Amiens, sous l’œil ébahi du docteur Pison. Eh oui… j’ai un témoin !
Je dois me contenter ensuite de voitures beaucoup plus modestes. Représentants, petit vieux dans sa 4.L… C’est la routine. Je marche peu, si ce n’est pour sortir des villes.
Je traverse tranquillement une portion de France, au plus beau de l’automne. Le ciel bleu qui m’accompagne ne fait qu’accroître l’intérêt porté au paysage : villages, bois, châteaux… je suis bercé par ce mélange de couleurs, et c’est dans ce petit rêve de Paradis que j’arrive aux portes de la Bourgogne.
Le grand jour approche ; je dois revenir sur Terre.
Il faut préparer le sac à dos. Je ne sais que prendre : après avoir sorti mon duvet, bas de pyjama, affaires de toilette… j’ajoute le linge de corps et quelques vieux habits, ainsi que ma tenue de sport… je ne pars que quatre jours, ce sera bien suffisant !
Mais je n’ai pas encore l’uniforme des Pages et Écuyers. Pas de consigne particulière.
Devant toutes ces questions sans réponses, je décide d’opter pour ma tenue des scouts de D**. C’est à mes yeux le meilleur moyen d’être pris en stop : l’uniforme donne toujours beaucoup d’effet… et puis j’aime ça.
Pantalon de velours, mon vieux ceinturon en cuir, la chemise bien repassée au dessus d’un gros pull, manches relevées, le foulard avec la bague et mon dizainier. Je récupère le beau blouson en cachemire beige que nous utilisons pour nos promenades à cheval… et me voilà prêt à partir en “boy scout” innocent, vers la merveilleuse Commanderie de B**-les-Templiers.
Je me lève assez tôt afin de partir avant huit heures. Il fait presque jour et je compte marcher quelque peu. Je ne regrette surtout pas le gros blouson car il a gelé blanc ce matin.
J’ai beaucoup de chance — j’ai toujours de la chance lorsque je fais du stop — et mon voyage se passe sans problème.
C’est même exceptionnel cette fois-ci : à T**, je suis pris par une Porsche 944. Un gars de trente-trente-cinq ans, ancien scout. C’est génial. Il me dépose malheureusement très vite, à Amiens, sous l’œil ébahi du docteur Pison. Eh oui… j’ai un témoin !
Je dois me contenter ensuite de voitures beaucoup plus modestes. Représentants, petit vieux dans sa 4.L… C’est la routine. Je marche peu, si ce n’est pour sortir des villes.
Je traverse tranquillement une portion de France, au plus beau de l’automne. Le ciel bleu qui m’accompagne ne fait qu’accroître l’intérêt porté au paysage : villages, bois, châteaux… je suis bercé par ce mélange de couleurs, et c’est dans ce petit rêve de Paradis que j’arrive aux portes de la Bourgogne.
Vers la
Deuxième partie
Deuxième partie
Si la version paginée pdf ou le plaisir du papier vous tente… achetez le livre en ligne, offrez le…
L'auteur gagne 3€ par achat !
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