Yves Philippe de Francqueville,
pirate des mots et philanalyste en herbe
présente
dans les nouveaux Contes de moelle :
pirate des mots et philanalyste en herbe
présente
dans les nouveaux Contes de moelle :
Fameuses épopées
Me reviennent souvent à la mémoire — de mes souvenirs d’enfance — les images jaunies de lieux qui ne sont plus.
Dans ma jeunesse, les greniers et les grands-mères existaient encore, comme les caves et d’autres endroits à explorer, lorsque l’audace surpassait la peur de mes peurs.
Des sueurs froides, parfois…
Des cauchemars, rarement.
Oh, si les escaliers de toutes formes menant à ces antres me fascinaient, il me fallait tout d’abord aborder la première épreuve, à laquelle je me suis soumis bien jeune, dans cette bâtisse de pierres immense, meurtrie par les guerres.
Qui se souvient de ces collections de pots et seaux de chambre, mises au rebus depuis pas si longtemps ?
Les w.-c. existaient, certes oui, dans ces propriétés que la modernité et le confort avaient gagné, mais ils avaient fait leur apparition usuellement, tous aux bouts de couloirs obscurs, dans les coins reculés… sombres, qu’il n’était pas facile de sillonner, surtout la nuit.
Ah ces couloirs… ce couloir !
Il en est un en effet qui me hante toujours.
Refaçonné par la Grande Guerre, dans ce château proche du Chemin des Dames. Je panique encore à le décrire.
La pluie tombe.
Je me revois — l’enfant que j’étais — arpenter le tracé de ce labyrinthe : le coude aveugle, la fenêtre aux volets fermés trop tôt, celle murée, cachée par un lourd rideau… j’arrive enfin !
L’art de ne pas vouloir faire dans le pot et agir comme un grand, du haut de mes six ans : partir chaque soir, parfois la nuit, en expédition.
Le vent souffle, un volet claque.
Je me retrouve alors face à la haute porte de ce lieu, plus d’angoisse que d’aisance. Un cul-de-sac transformé en un grand w.-c., plus haut que long, glacial et sombre… avec cette étonnante chasse d’eau perchée, dont la chaîne à tirer m’est difficilement accessible.
Et ce vacarme lorsque cela fonctionne…
Et le sentiment de victoire : comme un niveau de plus gagné dans mon jeu de la vie !
Alors à ce jour, je garde cette action réflexe, cet étrange comportement aux yeux du quidam me voyant agir : avant de pénétrer dans un w.-c. quelconque, avant de m’y réfugier, le geste est de rechercher par la porte entre-ouverte, d’une main fébrile, l’interrupteur, à tâtons…
La lumière jaillit.
Calme, et parfois luxe et volupté ?
J’entre, rassuré.
Jamais de monstre ne m’a surpris en ces petits coins où je peux souffler… me soulager enfin !
Ah, ma grande fierté fut de maîtriser fort tôt l’art des couloirs !
Aussi, très vite, j’ai osé affronter les escaliers.
Il y a les escaliers qui montent et ceux qui descendent.
Au sein de demeures plusieurs fois centenaires, cela donne deux réalités vraiment différentes.
De ceux qui descendent, ce sera un autre conte : décrire des souterrains et quelques énigmes, la porte secrète ouverte dans mes rêves… le trésor… que je cherche encore.
Pour ceux qui montent…
J’en ai connu des escaliers ; et même des fantômes d’escaliers…
Certains hantés par des dames blanches dont je n’ai ressenti que le souffle.
J’ai aussi bravé, grâce aux obus qui modifient parfois les plans, des escaliers fantômes : comme celui d’une tour qui devint chambre ronde — dite de la Tourelle — au second étage, où j’ai vécu seul, de si beaux orages.
Des rêves récurrents d’escaliers branlants, dont les marches s’écroulent à mon passage. Et la difficulté grandissante à atteindre le sommet : de quoi satisfaire quelques rendez-vous avec un psy !
L’escalier noir !
Noir, car non seulement bâti avec de la roche sombre du Cantal, mais toutes ses petites fenêtres donnant maintenant sur un mur de pierres similaires. Ce colimaçon me menait au sommet d’une grande tour que des révolutionnaires avaient fait rabaisser d’un niveau, afin que le seigneur du domaine fasse preuve d’un peu d’humilité vis-à-vis de ses paysans en colère, mais toujours soumis.
Ah, je les ai longtemps entendues les chouettes effraies, avant d’oser les surprendre… leur faire peur malgré moi.
Encore une victoire sur ma timidité qui a forgée ma vie d’adulte !
Pour chaque escalier vaincu, c’est alors le temps des découvertes.
Tant d’années déjà se sont écoulées, formant les souvenirs inoubliables de ces greniers merveilleux, où j’ai su construire, inventer mon univers, vivre de formidables aventures.
Au fil des ans, s’animaient quelques jouets, des costumes sentant la naphtaline, des livres, des lettres et tant de peintures, bibelots, meubles, tous cassés, tous attendant une restauration qui n’est jamais venue…
Vaillant, courageux, audacieux… j’ai fait des découvertes fantastiques, lors de mon enfance et pendant mon adolescence.
Combien de châteaux, de manoirs, m’ont livré leurs mystères ?
La solitude donne parfois des ailes, une force vive. J’ai eu cette chance de contempler des mondes qui ne sont plus.
Les greniers sont devenus des studios d’étudiants ou des appartements pour bobos. Les grands-mères sont en résidences, sans mémoire.
Hélas !
Fini le temps des greniers aux trésors, ayant pour valeur celle d’avoir osé grimper l’escalier, de se mouvoir dans le brouillard d’un passé délaissé !
Encore, il m’arrive de rêver d’escaliers étranges et de greniers que je réinvente, qui prennent vie, et parfois le sentiment de ne pas réussir à franchir la dernière marche.
Dans mes nuits, il y a celui de bois chancelant… l’autre à la rampe qui s’efface ; et toujours cette dernière marche incertaine, si fragile.
L’épopée de l'escalier : qu’il soit périlleux ou non de par son état ou son emplacement ; le grimper afin d’explorer un grenier, cela exige de maîtriser aussi l’art de la discrétion !
Avoir la subtilité de disparaître sans être vu…
Et réapparaître… sans que quiconque puisse imaginer ma présence en ces lieux interdits : trop de réminiscences sur des objets bannis ?
Tant de tragédies sont rangées dans des malles, des coffres, que le temps ne parvient pas à consumer !
Comme l’uniforme de ce capitaine. La grande déchirure recousue du pantalon de toile rouge rappelait un duel sur les contreforts de la citadelle de Lille ; duel qui occasionna sa chute et une vie de paralytique…
Les lettres d’amour, ficelées en liasses, dont il faut taire les histrions… nourrissaient mes chimères.
De chaque vase brisé renaissait une scène théâtrale !
Tout grenier devenait mon grenier.
Puis je redescendais l’escalier, souvent les mains vides et poussiéreuses, afin de rejoindre le présent. Un monde où — comme l’écrivait Rimbaud — se trouvent tant de gens assis, avec lesquels je m’ennuie, au regard des héros de ces aventures que je n’ai pas vécues, qui sont devenues miennes : surtout lorsque les grands-mères m’en contaient l’histoire.
De ces souvenirs, j’ai le cœur et l’esprit gonflés de forces vives, comme du désir ardent d’aller vers celles et ceux qui sensent ma vie au quotidien, dans ma quête de rencontres.
Je les remercie car ils m’apprennent à mieux me comprendre… afin de croquer l’univers à pleines dents !
Yves Philippe de Francqueville ©
yvesdefrancqueville@yahoo.fr
0685415368
Mise en page le 12 décembre 2018
Mise en ligne le 29 décembre 2018
Merci à Albert Gineste
yvesdefrancqueville@yahoo.fr
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Merci de votre fidélité !
À ce jour, au 29 décembre 2018, entre 14.000 et 16.000 visites en moyenne — par mois — sur la totalité des différents sites et blogs et cela depuis mai 2013 !
Être lu "sense" la réalité de l'écrivain !
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Ce conte est issue des nouveaux Contes de moelle, par Yves Philippe de francqueville, philanalyste en herbe et pirate des mots… tous droits réservés ©.
Toute phrase sortie de son contexte pour un usage fallacieux sera considérée comme acte détestable de manipulation et sera rejetée par l'auteur qui accueille la légitimité de cet écrit uniquement reçu dans son intégralité.
Si le nom de l'auteur Yves Philippe de Francqueville apparaît souvent, c'est pour donner de l'aisance aux moteurs de recherche…
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville