Yves Philippe de Francqueville,
pirate des mots et philanalyste en herbe
présente
dans les nouveaux Contes de moelle
une histoire singulière :
pirate des mots et philanalyste en herbe
présente
dans les nouveaux Contes de moelle
une histoire singulière :
Pacôme
Il est de ces grandes amitiés qui nous invitent à réaliser quelques folies…
Tôt ce matin, Pacôme n’a pas hésité à reprendre contact : que je me mette à son service, une fois encore.
Son message m’implorait de me rendre à Paris au plus vite, de le retrouver chez sa mère, avec laquelle il gardait si peu de liens… que c’était urgent, qu’il ne fallait pas que je pose de questions, comme toujours.
Que je serai dédommagé largement.
J’ai donc aussitôt pris le train, puis le taxi et j’étais au rendez-vous, avenue des Ternes, devant ce lourd immeuble haussmannien, proche de l’église Saint-Ferdinand.
Pacôme n’avait pas douté un seul instant de ma présence.
Il m’attendait, engoncé dans un épais manteau qui me fit réaliser — un peu tard — la grande différence de température entre Montpellier et la Capitale.
Pas un mot de sa part.
Il m’empresse, d’un geste, d’entrer discrètement par la porte du personnel.
Pour fuir le froid de cet hiver glacial, j’ai compris que s’annonçait de nouveau — après tant d’années — l’ascension des six étages par cet escalier de service bien sombre, qui fut longtemps mon quotidien !
Son doigt sur les lèvres impose toujours le silence.
La montée se poursuit à mon rythme.
Je prends une fois de plus conscience que mes vingt ans sont loin.
Quatre-vingt-deux printemps… à l’automne de ma vie ?
Cela ne se voit pas du tout lorsque je suis assis.
L’on m’en donne à peine soixante, lorsque je marche…
Cependant, pour dépasser trois étages, j’avoue maintenant compter les années avec davantage d’humilité.
Pourquoi cette épopée ?
Il m’avait juré que c’était révolu depuis près de quatorze ans…
Ma retraite méritée, au bord de la mer.
Nous voici maintenant arpentant le couloir principal, avec le souffle court.
Pacôme, bien que de dix-sept ans mon cadet, n’a pas meilleure mine que moi.
Il traîne un peu la jambe ; et c’est presque haletant qu’il s’arrête devant la porte numéro cinq.
Je revois chaque première scène… notre grand théâtre de la vie !
Il venait d’avoir seize ans : comme si l’histoire était écrite hier, la veille… et nous nous retrouvions une fois encore, devant la porte dite d’Helena.
Nos regards se croisèrent enfin, vraiment.
Sa voix…
— Ah, Pierre, me dit-il, ma vieille mère est décédée voici une petite semaine.Le testament a été lu par ma sœur ainée : c’est elle qui récupère notamment le sixième étage. Sa décision formelle de tout vendre nous oblige évidemment à quelques rangements. Les logements pour les bonnes seront rénovés tour à tour, et tôt ou tard, l’appartement du cinq aussi.
Je dois remettre demain, au notaire, les clefs de l’ensemble du dernier étage : ta chambre également.
J’ai la chance d’hériter du troisième… et je m’y installe !
Tout est préparé pour le déménagement. Nous passerons par chez toi.
Œuvrons maintenant.
Helena… je ne m’étais plus guère soucié de cette nuit d’été, où j’avais aidé Pacôme à s’occuper de cette demoiselle russe, qu’il avait hébergé quelque temps, de son vivant.
Aujourd’hui, sa mémoire présentait plus d’embarras que d’avantages, dans cette suite mansardée qu’il occupa pendant de longues années, afin de fuir les vindictes de sa mère, en raison de ses escapades nocturnes, si fréquentes à l’époque, comme de ses goûts étranges.
Le sixième étage était son domaine.
Un univers qu’il avait aménagé pour y recevoir ses conquêtes, et parfois même, les entretenir.
Il était beau garçon — il reste bel homme — et grand séducteur de jeunes femmes.
Les rentes qu’il exigeait de sa mère suffisaient largement à lui assurer un train de vie de qualité.
Grand collectionneur, l’art et les dames étaient ses passions !
J’avais longtemps été au service de Madame, en tant que majordome — son confident même — sans avoir été son amant.
Pacôme était ce petit frère que je n’ai jamais eu… comme un neveu… et mon rôle d’oncle adoptif remplaça longtemps le père qui n’avait jamais su être papa.
La sœur, de treize ans son aînée, n’avait pas su donner l’amour qui était fort peu présent chez sa mère aussi.
Nous étions liés… nous le sommes restés, même après ma retraite.
La distance a limité les rencontres : il me savait cependant toujours attentif, à son service si nécessaire.
Alors, cette nuit là — un onze juillet, je m’en souviens — Pacôme m’a réveillé une fois de plus.
J’occupais seul le petit studio, au numéro douze.
Un escalier en colimaçon menait directement aux appartements de Madame : à son troisième étage lumineux.
Je m’en souviens.
En silence, il me conduisit donc au numéro cinq : la garçonnière aménagée par feu son grand père, dans les années mille huit-cent-quatre-vingt-dix.
Helena gisait sur le lit.
Elle était si belle.
À peine dix-huit ans, de type caucasien.
La blancheur de son visage ne me permit pas d’espérer quelque miracle.
Oui, il fallait agir vite et bien.
C’était voici quarante-quatre ans.
Aujourd’hui, je vais une nouvelle fois m’impliqué dans la vie de ce cher Pacôme…
Un véritable artiste.
Que puis-je en conter, alors qu’il m’annonce, avec presque de la tendresse :
— Tu sais, Pierre, j’ai profité de la rencontre avec le notaire pour te désigner comme légataire universel de tous mes biens… L’appartement et toute mon œuvre t’appartiendra à ma mort.
Oui… et Helena ?
Notre méthode pour embaumer les cadavres était précise et efficace.
Un masque de cire peint par Pacôme, pour touche finale. Toujours de splendides robes.
Quelques sacs poubelles plus tard, la belle demoiselle prenait place — magnifiée — dans le quatrième placard de ce mausolée.
Des vitrines en faisaient une galerie plutôt originale.
Pacôme aimait ce lieu, où il venait méditer.
Combien de fois me suis-je trouvé ainsi à son service ?
Je ne le sais plus vraiment.
Dix-neuf fois, je crois ?
Peut-être ?
Ce fut un long après-midi à déplacer tous ces corps dans la vaste chambre ovale.
Le résultat plut fortement à Pacôme.
Il aimait dormir entouré de toutes ses femmes.
Yves Philippe de Francqueville ©
[email protected]
0685415368
Mise en page le le 21 janvier 2019
Mise en ligne le 4 février 2019
Merci à Albert Gineste
[email protected]
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Mise en page le le 21 janvier 2019
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Bonne lecture.
Merci de votre fidélité !
À ce jour, au 4 février 2019, entre 14.000 et 16.000 visites de pages, en moyenne — par mois — sur la totalité des différents sites et blogs et cela depuis mai 2013 !
Être lu "sense" la réalité de l'écrivain !
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Vous venez de lire Pacôme, une histoire singulière.
Ce conte est issue des nouveaux Contes de moelle, par Yves Philippe de francqueville, philanalyste en herbe et pirate des mots… tous droits réservés ©.
Toute phrase sortie de son contexte pour un usage fallacieux sera considérée comme acte détestable de manipulation et sera rejetée par l'auteur qui accueille la légitimité de cet écrit uniquement reçu dans son intégralité.
Si le nom de l'auteur Yves Philippe de Francqueville apparaît souvent, c'est pour donner de l'aisance aux moteurs de recherche…
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville